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Promesse de campagne du candidat Donald Trump dans sa course à la Maison blanche, la construction d’un gigantesque mur à la frontière avec le Mexique, dans le but de limiter l’immigration, a déjà fait couler beaucoup d’encre. Jugé immoral pour certains, voire complément irréaliste pour d’autres compte tenu de son coût faramineux, cet ouvrage pourrait, selon les dernières déclarations du Président américain, être réalisé à base de panneaux solaires. Une idée valable au regard des conditions d’ensoleillement dans cette partie des Etats-Unis mais qui semble néanmoins difficilement réalisable dans les faits.

Un mur anti-immigration « écologique »

Fervent défenseur de l’industrie du charbon, le Président américain Donald Trump sait aussi reconnaître les atouts des énergies renouvelables quand il en a besoin. En difficulté sur le dossier du mur anti-immigration qu’il a promis de construire à la frontière mexicaine, Donald Trump a sorti l’énergie solaire de son chapeau comme un nouvel allié capable, soi-disant, de rendre un tel ouvrage à la fois rentable et profitable pour l’environnement et le climat. « Je vais vous donner une idée dont personne n’a encore entendu parler : la frontière sud, beaucoup de chaleur, beaucoup de soleil… Nous réfléchissons à la construction du mur comme un mur solaire », a-t-il affirmé lors d’un meeting devant ses partisans réunis à Cedar Rapids, dans l’Iowa (centre des États-Unis) le 22 juin dernier. « Cela générerait de l’énergie, et cela le financerait », a-t-il ajouté.

Pour rappel, le Président américain avait toujours affirmé que ce mur gigantesque, devant s’étendre sur plus de 3.200 km à travers plusieurs États des États-Unis, serait financé par le gouvernement mexicain. Une supposition loufoque pour le président du Mexique qui s‘est toujours fermement opposé à l’idée même de construire un mur et n’entend bien sûr aucunement participer à son financement. Le Congrès américain lui-même a refusé jusqu’à présent de s’engager dans son financement, se limitant à débloquer des fonds pour des opérations de maintenance sur les infrastructures existantes. Il faut dire qu’une telle installation coûterait très cher à mettre en place. On parle ici d’un coût compris entre 8 et 40 milliards de dollars.

Les contraintes techniques et réglementaires de ce mur solaire

L’énergie solaire peut-elle alors devenir dans ce cas, le sésame du président Trump et faire de cette promesse phare de son programme, une mesure réalisable dans l’avenir ? Rien n’est moins sûr. L’idée de construire un mur solaire sur une telle distance, qui provient en réalité, non pas du président lui-même mais de Thomas Gleason, (un homme d’affaires de Las Vegas) s’avère en réalité peu pertinente compte tenu des contraintes techniques, géographiques et réglementaires imposées par ce type de chantier.

Si l’organisation professionnelle SEIA (Association des industries de l’énergie solaire) a salué ici une sorte de reconnaissance des bienfaits de l’énergie solaire, elle est restée dans le même temps très prudente quant à la réalisation effective de ce mur photovoltaïque. « Cela constituerait une approche économique et respectueuse de l’environnement mais nous allons attendre d’en savoir plus sur ce plan pour commenter davantage », a déclaré Dan Whitten, porte-parole de la SEIA, dans un communiqué.

D’autres n’ont pas hésité à remettre en cause la faisabilité même d’un tel projet. Pour que l’énergie solaire soit rentable, il faut que les acheteurs et les consommateurs soient relativement proches de la source de production, explique à l’AFP Anya Schoolman, responsable du Community Power Network, une association qui soutient les projets solaires locaux et régionaux. Or, « ces panneaux vont être au milieu de nulle part », et il est donc « difficile de voir qui va acheter cette énergie », souligne-t-elle. Le fait que le mur traverse plusieurs États implique également un problème d’harmonisation en matière de réglementations et de partenaires commerciaux, et cela aussi bien pour les compagnies productrices d’énergie que pour les distributeurs. « Les obstacles réglementaires pourraient à eux seuls rendre le coût de l’idée prohibitif », ajoute Mme Schoolman. Pour Edward Alden, du Council of Foreign Relations, un influent think-tank, « un mur de panneaux solaires serait préférable à une simple barricade, mais les longues distances entre cette frontière et les endroits où l’énergie sera consommée risquent de rendre ce projet peu rentable ».

Des perspectives de production et de rentabilité incertaines

Pour autant, il est indéniable que la région propose un taux d’ensoleillement très prometteur et que des panneaux solaires installés sous le bon angle généreraient certainement beaucoup d’énergie. Reste à savoir donc si la production d’une telle installation serait suffisante à long terme pour combler les pertes liées à son isolement. Selon une première estimation réalisée par Elemental Energie, une compagnie d’installations solaires basée dans l’Oregon dans le nord-ouest du pays, un mur de trois mètres de haut recouvert de panneaux engendrerait 7,28 gigawatt-heure d’électricité par jour, soit l’équivalent de la consommation de 220.000 foyers de taille moyenne. Mais cet équipement augmenterait le coût total du mur « de 1,4 milliard à 4,2 milliards de dollars supplémentaires » tempère la compagnie.

De son côté, la société de Tom Gleason, qui fut la première à évoquer en avril dernier la possibilité d’intégrer des panneaux solaires, en réponse à l’appel à projets de l’administration fédérale sur la construction du mur, assure que son mur coûterait environ 6 millions de dollars par mile (1,6 km) et produirait 2 mégawatts d’électricité par heure, « de quoi s’autofinancer en 20 ans », explique-t-il dans Las Vegas Review.

Source: lenergeek.com